Notre démarche

Créé en 2018, et implanté depuis 2020 à Rouen, Le Marilù Collectif – en référence au prénom d’une des “témoins” interrogés dans Chronique d’un été de Jean Rouch et Edgar Morin – est un jeune collectif d’artistes fondé autour du désir de porter le réel au plateau pour tenter de comprendre et interroger les individus qui constituent notre société.

Dans une démarche active de rencontre avec différents milieux sociaux et culturels, nous travaillons à partir de témoignages, sur plusieurs territoires, et avec des comédien.nes professionnelles et non-professionnelles d’origines différentes. Nous nous intéressons aux gens dans leur entièreté et leur authenticité, et souhaitons mettre en lumière leurs paroles et leur individualité en les conviant à venir se livrer sur scène. Il s’agit avant tout de rendre compte, sans dénoncer, de vérités plurielles, multiples, mais qui nous concernent tous, afin d’éloigner le jugement de soi et des autres. Nous ne souhaitons pas, à travers nos spectacles, défendre un point de vue plus qu’un autre, ou une opinion politique mais faire se rencontrer les individualités constituant notre société.

Accepter de les voir et de les entendre est un pas qui nous semble nécessaire pour faire société. Notre collectif a pour objectif de tisser du lien, de réveiller les consciences. Ce théâtre ne se veut pas réservé à une élite, mais au contraire, doit réunir et inviter ce public que l’on voit peu dans les salles de théâtre, à se reconnaître lui aussi. Il a pour but d’être diffusé le plus largement possible, faire que les différents milieux sociaux se rencontrent.

La forme que nous utilisons à cette fin est ce que nous appelons un “Théâtre-Vérité”. Pour cela, le collectif s’enrichit d’artistes maîtrisant d’autres disciplines que le théâtre, en particulier les médias traditionnels du documentaire, comme la vidéo et les enregistrements radiophoniques. Ses méthodes de travail, quant à elles, s’inspirent de la sociologie.

Margot Tramontana, metteuse en scène et fondatrice du Marilù Collectif, est à l’initiative du concept de “Théâtre-Vérité”, méthodologie grâce à laquelle elle a déjà mis en scène plusieurs spectacles, et est habituée à mener des projets de spectacle avec des publics en situation de précarité.

Manifeste de Gand

Le Marilù Collectif travaille à respecter au maximum les différents engagements du Manifeste de Gand défendu par Milo Rau :

  • Il ne s’agit plus seulement de dépeindre le monde. Il s’agit de le changer. Le but n’est pas de représenter le réel, mais de rendre la représentation elle-même réelle.
  • Le théâtre n’est pas un produit, c’est un processus de production. La recherche, les castings, les répétitions et les débats connexes doivent être accessibles au public.
  • Le statut d’auteur revient entièrement à ceux qui participent aux répétitions et à la performance, quelle que soit leur fonction – et à personne d’autre.
  • L’adaptation littérale des classiques sur scène est interdite. Si un texte source – qu’il s’agisse d’un livre, d’un film ou d’une pièce de théâtre – est utilisé au début du projet, il ne peut pas dépasser plus de 20% du temps de la représentation.
  • Au moins un quart du temps de répétition doit avoir lieu à l’extérieur d’un théâtre. Un espace de théâtre est un espace dans lequel une pièce a été répétée ou exécutée.
  • Au moins deux langues différentes doivent être parlées sur scène dans chaque production.
  • Au moins deux des acteurs sur scène ne doivent pas être des acteurs professionnels. Les animaux ne comptent pas, mais ils sont les bienvenus.
  • Le volume total de la scénographie ne doit pas dépasser 20 mètres cubes, c’est-à-dire qu’il doit pouvoir être contenu dans une camionnette qui peut être conduite avec un permis de conduire normal.
  • Au moins une production par saison doit être répétée ou exécutée dans une zone de conflit ou de guerre, sans aucune infrastructure culturelle.
  • Chaque production doit être montrée dans au moins dix endroits dans au moins trois pays. Aucune production ne peut être retirée du répertoire NTGent avant que ce nombre ait été atteint.

Gand, le 1er mai 2018